Travailler pendant le ramadan

Chaque année, musulmans et musulmanes pratiquent le jeûne pendant quatre semaines. C’est ce qu’on appelle le ramadan. En tant que non-musulman, bien souvent, on ne réalise pas ou on oublie que certains de nos collègues ou collaborateurs ne mangent ni ne boivent de toute la journée. Nous avons demandé à plusieurs personnes qui combinent travail et ramadan comment les musulman-e-s vivent cette période de jeûne au travail. Ils nous expliquent quelle attitude adopter en tant que collègue et nous prodiguent quelques ‘conseils de survie’ pour traverser le ramadan sans encombre.

Le début est le plus dur

Marleen Depaemelaere est infirmière psychiatrique de nuit à l’hôpital Saint-Joseph à Pittem. L’année dernière, elle a participé pour la première fois au ramadan. « Les premiers jours sont les plus difficiles », raconte-t-elle. « Mon corps était comme en état de choc. J’avais imaginé, par exemple, qu’au bout de la première journée je serais morte de faim. Du coup, j’avais préparé à l’avance un bon spaghetti. Mais à l’heure de rompre le jeûne, étrangement, je n’ai rien pu avaler. Les jours suivants, peu à peu le jeûne est devenu plus facile et finalement, ça n’a pas été trop dur de tenir le coup. »

Solidarité avec les buveurs de café

Lynda Beladjal confirme que les premiers jours sont les plus durs. Elle est collaboratrice scientifique postdoctorale à la faculté des sciences de l’Université de Gand. « Je pense que c’est d’autant plus difficile au début pour les buveurs de café et les fumeurs. Pour moi-même, il s’agit surtout de m’habituer à ne pas boire ni manger. Dans les pays où les habitants sont majoritairement musulmans, tout vous indique que la période du ramadan a commencé. Mais ici, les cafés et sandwicheries restent ouverts, ce qui me fait parfois oublier le ramadan au cours des premiers jours. » (rit).

Adel Mouchalleh, collaborateur à la programmation chez VRT Radio 2 ne participe pas au ramadan, mais a grandi dans une famille musulmane. Son conseil ultime pour les buveurs de café : « Buvez du café au moment de rompre le jeûne, mais surtout pas avant de commencer la journée, parce que le café est déshydratant. »

Le respect avant tout

Ce que les collègues peuvent faire pour rendre le ramadan plus facile à vivre ? Marleen : « Rien de spécial, en fait. Pour nous, le défi consiste à tenir le coup pendant la période de jeûne, pour montrer que nous sommes capables de garder sous contrôle nos besoins primaires, et pour consacrer de l’attention à notre foi et aux besoins de ceux qui ont moins de chance que nous. Ce n’est pas facile, mais c’est normal, c’est justement ça qui fait le défi. »

En revanche, les musulmans apprécient que leur entourage respecte leurs coutumes. Lynda : « Quand les collègues se montrent vraiment intéressés et posent des questions, je trouve ça plutôt agréable. Mais certaines personnes désapprouvent et se demandent pourquoi je continue à y participer. Pourtant, moi, je suis convaincue que la science et la religion peuvent parfaitement cohabiter. »

« Mange donc, on ne dira rien »

Marleen : « Je me passe volontiers des critiques. J’apprécie quand on respecte ma foi, tout comme je respecte les autres. La chose la plus insensée qu’on m’ait dite ? Quelqu’un qui m’a chuchoté un jour : ‘Mange donc, je ne le dirai à personne’. » (rit)

En tant qu’infirmière de nuit, Marleen estime que le ramadan est un peu plus facile à vivre pour elle, car c’est en journée qu’elle se repose. Bien sûr, elle doit veiller à manger et boire suffisamment pendant son travail de nuit pour tenir le coup la journée qui suit.

Coups de mou et hydratation

Comment passer une longue journée d’été sans manger ni boire ? Il y a quelques trucs. Marleen : « Il faut beaucoup boire la nuit. À peu près la même quantité que vous boiriez normalement en journée. Veillez aussi à ce que votre alimentation ne soit pas trop salée, car cela donne soif. En journée, aux moments où on a du mal, on peut se soulager en rinçant sa bouche à l’eau fraîche. »

Lynda : « La pastèque est un fruit fantastique à manger pendant le ramadan. Gorgé d’eau et facile à digérer. » Mais comment veiller à garder suffisamment d’énergie ?

Adel : « Mangez sainement pour vous assurer d’avoir tous les apports nutritionnels nécessaires. Optez pour une alimentation riche en fibres et en féculents, car ces sucres lents vous donneront de l’énergie plus longtemps. »

Sauter la pause midi

Malgré toutes ces précautions, le soir, on est confronté-e à un manque de sucre. Lynda : « C’est là que c’est formidable d’avoir un job et un employeur qui se montrent flexibles, comme c’est le cas pour moi à l’UGent. Pendant le ramadan, je saute parfois la pause midi pour pouvoir rentrer me reposer plus tôt le soir, quand la concentration n’est plus au top. C’est ce que je recommande à chaque employeur, si l’organisation le permet. »