Changer de carrière

Laisser tomber votre job actuel pour une nouvelle carrière : une aventure à la fois passionnante et effrayante. Comment savoir qu’on a pris la bonne décision ? C’est normal d’hésiter aussi longtemps ?

De nombreuses raisons peuvent pousser les gens à envisager une réorientation : envie de changement, manque de satisfaction dans le travail, pas de possibilités d’évolution ou une ambiance pas au top dans votre service… Quelle que soit la raison, changer de lieu de travail représente une énorme décision au niveau mental.

Échapper à la course effrénée

En tant que coach certifié, Benjamin Ball de YourCoach accompagne chaque année des dizaines de personnes à travers cette phase de doute. La raison principale qui pousse les gens à vouloir changer de carrière ? Ils ont le sentiment de faire leur travail depuis trop longtemps et de le connaître trop bien. Ball : « Il faut compter à peu près trois ans pour complètement maîtriser un job, ensuite ça commence à se répéter. Chaque personne montre une certaine tolérance face à cette répétition. Chez certains, cette tolérance est élevée. D’autres sont déjà impatients de passer à autre chose au bout de deux ans. »

Une autre raison souvent donnée pour quitter un travail, c’est que les gens n’ont plus envie de jouer le jeu du rythme de travail effréné d’aujourd’hui. Ball : « Même s’ils adorent leur job, les gens n’ont pas envie de faire le travail de deux personnes, et souvent, c’est bien là qu’on en arrive… »

Les valeurs et la hiérarchie

Ces dernières années, les séances d’orientation professionnelle ont permis de dégager quelques tendances. Ball : « Les gens accordent toujours plus d’importance aux valeurs de l’entreprise où ils travaillent. Au moment de choisir un nouveau job, ils vérifient d’abord : ‘Quelle est la vision de l’entreprise, quelle est sa contribution, ai-je envie d’y participer, mon travail sera-t-il rempli de sens…’ Ils veulent pouvoir s’identifier à l’employeur. » Ce qui nous mène à une autre tendance : « De nombreuses personnes – surtout les jeunes – ne tolèrent plus la hiérarchie de type ‘tais-toi-et-écoute’. C’est surtout le cas quand leurs supérieurs n’ont pas l’air de briller dans leur travail. »

Pourquoi attendons-nous trop longtemps ?

Même si les conditions de travail sont loin d’être idéales, les gens restent plutôt longtemps dans leurs jobs. Parfois même trop longtemps, ce qui peut les mener au burn-out ou au bore-out. Mais pourquoi en arrivons-nous là ? Ball : « Les gens recherchent toujours une stabilité. Nous ressentons une résistance instinctive au changement ou à l’imprévisible. Souvent, nous allons préférer ce qui nous est connu mais négatif, plutôt que ce qui nous est inconnu mais positif : là où vous êtes maintenant, vous savez où vous en êtes et ce dont vous êtes capable. C’est beaucoup moins sûr dans un nouvel emploi. »

Heureux, les job hoppers ?

Chez les job hoppers, ce besoin de contrôle est beaucoup moins présent. « Nous avons tous une certaine tolérance face au risque. Les plus tolérants gèrent bien mentalement le changement et changeront assez facilement de job », explique Ball.

Pourtant, ce ne serait pas plus mal pour les job hoppers de réfléchir un peu avant de changer – une nouvelle fois – de travail. Pourquoi voulez-vous réellement quitter ce travail ? Est-ce lié à des raisons similaires à celles qui vous ont fait quitter votre emploi précédent ? « Peut-être que vous retombez tout le temps dans le même schéma », avance Ball. « Si vous cherchez plutôt à briser ce schéma, vous pourrez peut-être rester tout de même où vous êtes, mais avec plus de confiance en vous-même. »

Laissez-vous aller et osez faire le grand saut

Voilà des mois que vous hésitez, pesez le pour et le contre, vous sentez tiraillé-e entre l’émotionnel et le rationnel ? « Acceptez que vous ne pouvez pas tout contrôler. Chaque choix implique une incertitude et un certain risque. Chaque supposition est un pari. Mais si vous attendez jusqu’à ce que ‘tout soit limpide’, ça risque de durer indéfiniment », nous apprend Ball.

Mais alors c’est comment qu’il faut décider ? Ball : « Bien souvent, les décisions prises en une fraction de seconde s’avèrent meilleures que celles basées sur une liste rationnelle de pour et de contre. »

Des attentes réalistes

Avant de complètement switcher vers une autre carrière, assurez-vous d’avoir les capacités nécessaires au nouveau job. Exercez-vous dans votre temps libre, suivez une formation tout en poursuivant votre fonction actuelle, parlez-en avec des personnes qui font déjà ce métier. Évaluez vos capacités avec réalisme et formez-vous là où c’est nécessaire, de préférence avant de faire le grand saut.

« Préparez-vous aussi à l’idée que ce ne sera jamais tout à fait ce que vous attendiez : jamais aussi bien, mais pas pire pour autant », prévient Ball. « Laissez tomber l’idée que tout sera parfait, et vous serez mieux armé-e contre les côtés négatifs qui ne manqueront pas de surgir. »

C’est hors de sa zone de confort qu’on grandit

Enfin, Ball nous donne une sage leçon de vie : « Prendre des petits risques, même dans votre job actuel, c’est stimulant et motivant », affirme-t-il. « De nombreuses personnes ne quittent leur zone de confort que si elles sont certaines du résultat. Dommage, car c’est hors de sa zone de confort qu’on a le sentiment d’évoluer. Et c’est précisément ce sentiment qui rend les gens heureux. »

Mais que faut-il faire concrètement avant d’oser une réorientation ? « Concentrez-vous sur votre cheminement, découvrez pour vous-même quels facteurs sont vraiment d’importance à vos yeux, dans la vie – si possible, avec l’aide d’un-e coach de carrière – et poursuivez cette quête d’épanouissement personnel jusque dans votre travail. »